Télérama n’est pas un journal de merde. Ce serait trop facile.

En France, on a de la chance, c’est bien connu. Par exemple, tout le monde peut voir de beaux films, surtout s’ils entendent, au loin, Le Cri de l’œil. Mais on a de la chance aussi parce que, sans qu’on n’ait rien demandé, un hebdomadaire sait faire, pour vous, la différence entre un Hitchcock et un navet, un Pialat et un navet, un Von Trier et un navet, un Despentes et un porno. Cet hebdomadaire, sans qui se cultiver n’aurait pas ce si bon goût français que le monde nous envie, sans qui on serait vraiment paumés dans nos vies de cons, c’est Télérama.

Dans le cadre d’un hors-série de La Voix du Nord sur la guerre d’Algérie (septembre 2012), le journaliste Lakhdar Belaïd (auteur de l’ouvrage Mon père ce terroriste qui retrace le conflit entre MNA et FLN au travers de la figure paternelle) a pénétré sans crainte dans l’antre des Cattelin. Danielle et son Serge. Vous ne voyez peut-être pas, mais la première est l’élue municipale qui a attaqué en justice l’Atelier Populaire d’Urbanisme du Vieux-Lille ; le second est élu à Lomme et avocat de choix pour l’extrême droite locale. Or le journaliste nous apprend que pour ce couple qui considérait l’Algérie comme « la nouvelle Alsace-Lorraine », la décoration de leur intérieur est une chose avec laquelle on ne rigole pas : « Et, chacun à son extrémité de l’immense bureau, un portrait de Raoul Salan, chef de l’OAS, et une photo en pied du maréchal Pétain avec canne et grand uniforme. » Pour sûr, Belaïd a dû passer un très savoureux moment.

« En raison de retards dans la mise au point du système billettique, il est nécessaire de reporter le lancement prévu initialement en décembre 2012 », dixit Transpole. Depuis la publication de ce communiqué, c’est la stupéfaction à Lille. 21 millions d’euros, plus de deux années d’attente, et toujours rien, pas de billettique « sans contact » dans les transports en commun. Pas de putain de RFID ! Pas de bip-bip Pass Pass ! Rien, que dalle, nada. Eh bien le peuple en a assez ! Le peuple ne peut plus patienter ! Il veut être fliqué ! Il réclame son puçage comme tout bétail qui se respecte ! Mais que font les élus, nom d’une pipe ?

Ça devait être un mercredi tranquille, le genre de journée qui vous amène doucement vers la fin de semaine. Mon programme était tout trouvé : soupe, gâteau, bain hebdomadaire puis Tom et Jerry pour mon fils de 4 ans. J'avais juste pris le temps d'envoyer un petit mail à un copain nantais, histoire de prendre des nouvelles, de loin. Vers 15 heures, mon portable sonna : « Yo, Bruegel, bien ? T'es chez toi ? J'arrive dans dix minutes ! » Plus rapide qu'un avion, mon pote revenait directement de Nantes, et plus précisément de Notre-Dame-des-Landes.

Si je n’avais pas connu Abel en fac de droit, il y a 15 ans, je n’aurais rien compris à ma première journée dans la peau d’une chroniqueuse judiciaire. Je me dis ça à chaque fois que je commence un nouveau boulot dans la justice. Il était évidemment beau gosse et tout le monde le cherchait des yeux en battant des cils. Le hic, c’est qu’il était étudiant en droit, et passionnément : impossible de le croiser ailleurs qu’en cours. J’assistais donc tout aussi passionnément que lui au cours de droit pénal, à une distance étudiée avec soin. Mon approche a duré tellement longtemps que j’ai eu tous mes examens avec mention, grâce au droit pénal. Mon avenir ne tint donc à rien : vu l’ambiance qui régnait dans les amphis et les cafet’ de la fac de droit, j’aurais arrêté mes études dès la première semaine si Abel n’avait pas joué les pots de miel pendant tant d’années.