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Conversation jusqu'au bout de la ZAD

Ça devait être un mercredi tranquille, le genre de journée qui vous amène doucement vers la fin de semaine. Mon programme était tout trouvé : soupe, gâteau, bain hebdomadaire puis Tom et Jerry pour mon fils de 4 ans. J'avais juste pris le temps d'envoyer un petit mail à un copain nantais, histoire de prendre des nouvelles, de loin. Vers 15 heures, mon portable sonna : « Yo, Bruegel, bien ? T'es chez toi ? J'arrive dans dix minutes ! » Plus rapide qu'un avion, mon pote revenait directement de Nantes, et plus précisément de Notre-Dame-des-Landes.


• Ça fait toujours plaisir de revoir un pote après plusieurs semaines de silence radio. On se renseigne, on pose des questions vaines et banales... Mais là, je dois dire que dès son arrivée, Djibril me laissa l'impression d'un être déchiré. Certes, il avait la crève, comme tout un chacun avec cette météo montagne russe. Mais il avait dans le noir de ses pupilles ce petit regard de l'homme fatigué, de celui qui n'avait ni beaucoup dormi, ni beaucoup mangé. À peine avait-il checké la main de mon fils que je lui rentrais dedans.

«  Ça va toi ? T'as pas l'air...

— Aujourd'hui ça va, j'ai eu le temps de me reposer un peu, j'ai eu une petite semaine éprouvante sur la ZAD[1], me dit-il tout en m'étreignant.

— Ok, t'étais donc là-bas, c'est bien ce que je me disais. Ça commence à faire du bruit dans les médias...

— Bah oui, on essaye de faire parler, on a mis un gros plan com' en place pour ça. Puis je me disais que tu pourrais peut-être en parler toi aussi...

— Écoute, faut voir... Tu bois un café ? Un thé ?

— Plutôt un thé, s'il te plaît. Et toi tu vas comment ? »

Je n'avais pas grand-chose à lui raconter, du moins ne me sentais-je pas tout à fait légitime à venir lui exposer mes petits traquas du quotidien, les fesses rouges de mon fils, mes problèmes d'addiction et ce genre de trucs... Alors j'enchaînais sur Lille, je lui donnais quelques nouvelles du coin et notamment de ce qui s'était passé à Cysoing, avec la mobilisation des élus et des habitants pour refuser l'installation d'un camp de Roms. Je ne savais pas très bien dire pourquoi, mais le fait de voir des gens manifester contre une population en particulier, de lire ici ou ailleurs des réflexions racistes et xénophobes, que cela puisse se faire sans mal de Lille à Marseille, j'en avais peur. J'étais dans mes élucubrations prophétiques autour de la peste brune quand mon fils me coupa.

« Papa, papa, je peux regarder un dessin animé, s'il te plaît ? »

J'acquiesçai bien volontiers à cette demande très urbaine (mon fils est toujours charmant quand il s'agit d'avoir un dessin animé). Et puis, il faut bien l'avouer, pendant qu'il restait scotché aux mouvements de Tom et Jerry, je pouvais cuisiner sans peine mon ami. Une fois le lecteur lancé, je reprenais la discussion.

« Alors dis-moi, j'ai vu qu'on parlait d'occupation militaire...

— En ce qui concerne la présence policière, c'est 1200 policiers et gendarmes mobiles entre Nantes et la ZAD, plus les 200/300 permanents sur la commune de Notre-Dame-des-Landes. Plus deux hélicoptères. Leur but c'est de sécuriser la zone.

— Ah ouais, quand même. Ça, ça s'appelle occuper le terrain ! Et du coup, ils font check-points ? Ce genre de choses ?

— Oui, oui, la nuit ils braquent des gros projecteurs sur la route pour empêcher les militants de passer. Par moment, t'es obligé de passer, juste pour dormir, à la lisière de leurs spots, à se retrouver dans les fossés de ronces pour pas se faire griller. Et puis il y a pas mal de flics sur Nantes aussi, notamment avec l'occupation du Lieu Unique, un lieu culturel. »

Alors que Djibril me racontait ce que certains appellent « guérilla rurale », nous entendions mon fils se marrer devant les courses poursuites de Tom et Jerry. Au fond, ce que les zadistes faisaient depuis une semaine s'apparentait bien au jeu du chat et de la souris... Je reprenais vite mon sérieux, car Djibril n’en avait pas fini avec moi…

« Donc tu disais pas mal de flics... Ça se passe comment avec eux ?

— Concernant le mode opératoire, disons qu'il y a des dérogations du procureur et du préfet qui font qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent, faire des vérifications d'identité sous n'importe quel prétexte. Moi je me suis fait éjecter de la zone. Et si tu ne joues pas la carte de la bonne humeur, ils te gardent. Et ils peuvent t'emmener à Perpète-les-Oies dans une gendarmerie, où tu peux rester 48 heures[2]. Et après c'est la débrouille, t'as le choix entre sept heures de marche ou chopper un bus pour repasser par Nantes. Bref, ils ont un peu le droit à tout. Même sur les horaires d'expulsion tu vois, c'est cadré normalement, ils peuvent expulser entre 6 heures et 9 heures du soir, et là on a eu des interventions jusque 23 heures/minuit. Et puis les hélicos, mon gars, c'est anxiogène. Tu vois, pendant deux heures, t'as l'impression d'être dans un film mais après 4/5 heures tu deviens fou, t'as l'impression d'être vu en permanence, et puis le bruit, le bruit… Bref, c'est fait pour ça : prendre des photos, compter les gens et foutre la pression. »

Nous sortions alors fumer une clope. Pas besoin de faire un dessin. Tout en me parlant, Djibril regardait par terre en fumant sa roulée, un regard du vide qui découlait directement de ce qu'il me disait. C'est comme si parler l'avait replongé dans l'action, les images s'entrechoquaient dans sa tête. J'avais l'impression de le perdre quelque part, alors je le laissais continuer.

« Mais bon, notre gros problème c'est le rapport de force : avec 1300 flics tu sais plus où donner de la tête. On arrive à communiquer mais c'est sans cesse l'agitation d'urgence. Bon ça ne veut pas dire qu’on ne s’organise pas mais on n'est pas des militaires non plus ! Manquerait plus que ça ! Par exemple, on les a bien fait chier avec la radio, des gens ont réussi à pirater Radio Vinci (107.7), tu vois la radio de l'autoroute ? Eh bien, quand les gens passaient à proximité de la zone, ils captaient pas Radio Vinci mais Radio Klaxon, avec des infos en direct sur le déplacement des gardes-mobiles. Hé ! Hé ! C'était fatigant mais on s'est bien démerdé ! »

Effectivement, comme il disait, ils s'étaient pas mal démerdés. De mon côté, je savais de quoi retournait cette lutte contre l'aéroport, mais plutôt dans ses grands traits. Ce n'était ni la première ni la dernière fois que des gens se mobilisaient contre des aménagements à coups de béton. Des « conflits d'usage » qu'ils appellent ça les géographes. La lutte contre le TAV entre Turin et Lyon avait de ce fait montré combien l'État et les aménageurs peuvent enclencher la machine guerrière pour parvenir à leurs fins. Expulsions, traques et occupations policières, machine pénale, les mêmes choses se répétaient à l'envi sur tous ces territoires voués au béton. C'était ce que je fis remarquer à Djibril quand il me parla d'une « expulsion médiatique ».

« Tu sais la ZAD, c'est énorme [NDLR : 2000 hectares]. C'est structuré par deux petites routes et une plus grande, entre Notre-Dame-des-Landes, Vigneux et La Paquelais. Bon, une expulsion médiatique, déjà, tout le monde n'est pas d'accord sur ce procédé-là, mais comme certains ne voulaient pas être expulsés dans l'anonymat, on s'est dit qu'on allait faire du bruit et on a envoyé tous un tas de mails à tous les médias nationaux de France 3 à NRJ, Ouest France... même des petits magazines bidons... L'idée c'était de les inviter, genre "on vous ouvre la porte du squat pour vivre une expulsion de l'intérieur". Faut dire aussi qu'on a eu une fuite des keufs, un gendarme a lâché à une copine que l'expulsion commençait le mardi. On a donc eu cinq jours pour se préparer, virer d'abord les affaires des squats, en sachant que la plupart sont des squats d'activités (ateliers en tous genres, menuiseries, vélos, sculpture, soudure, mécanique...). Un tas de brin à dégager dans des lieux sûrs, car une moitié des lieux étaient expulsables, et l'autre moitié (à moitié des champs et des zones forestières) devrait suivre. Bref, on a donc appelé les journalistes avec un message du style : "Vous qui vous plaignez que les squatteurs ne veulent pas vous parler..." Bon je te cache pas qu'on a un peu mis en scène bien sûr, avec nos affaires dégagées, puis on a mis en avant les trucs de notre quotidien (frigo...) pour gueuler "ah ils nous prennent ça", en sachant que le reste du truc était dégagé. Un truc misérabiliste quoi... Quelques journalistes sont venus, mais aucun n'est resté dormir. Bon, faut dire aussi que dormir dans un squat c'est une barrière mentale à franchir. Il y a un journaliste d'ailleurs qui s'est pointé, ça peut t'intéresser. Il avait besoin de s'informer mais nous on voulait aussi parler du rôle des médias dans cette affaire, parce que bon, on se méfie toujours... Du coup, il a fini par reconnaître que son métier n'est plus qu'un emploi, et qu'il n'est bien souvent qu'un serviteur. Ensuite on a eu des gens de l'AFP, sur le moment on n'a pas vérifié les cartes, on l'a regretté après coup car l'un d'eux avait une bonne tête de keuf (y a un petit climat un peu parano, c'est normal, je crois). Trois journaleux de l'AFP débarquent donc, des "référents images" pour la région Ouest, assez tard, un peu en stress, dont une qui s'est fait casser sa caméra à Valognes. Ils voulaient des images, tu vois, le côté sensationnel, on leur dit de suite que nous on n'est pas dans cette optique-là, et on s'est rendu compte qu'ils étaient totalement désinformés, en nous demandant si c'était le seul squat, alors qu'il y en a plusieurs. On leur a répété les enjeux. Au début j'étais très diplomatique puis tu perds patience, quand tu sens qu’ils sont là pour trois images. D’ailleurs, après mardi (le jour de l'expulsion), il n'y avait plus de médias…

Concernant l'expulsion de Bel Air, je l'ai juste préparée. Je sais qu'un pote est monté sur le toit, c'était en mode résistance pacifique, mais ça veut pas dire citoyenniste ! Il y a Paul aussi, 80 balais, un des gars à l'initiative des jardins collectifs de Couëron, qui s'est fait traîner et taper devant les caméras. L'intérêt c'est la mise en scène de l'affrontement, même si tu fais rien, la violence est là, et c'est la violence d'État. C'était "marrant" d'entendre le discours du préfet qui affirmait que dès le mardi 11 heures, c'est fini. Histoire de cadenasser les médias, qu'ils sortent de la zone. En fait ils protègent les lieux expulsés, quand ils ne les détruisent pas. Le préfet a commencé à changer de position par la suite, car le coût de l'opération monte aujourd'hui à 500 000 euros. Il a changé de discours et arrêter de faire comme si tout était fini. »

À ce moment, cher lecteur, chère lectrice, je me demandais bien comment j'allais pouvoir faire du journalisme gonzo à partir de ce que me livrait Djibril. Moi je suis pas là pour filer des infos à la police, je suis pas vraiment journaliste, quoi. Mais bon, mon pote avait l'envie de témoigner, ça ne se refusait pas. Je le relançais sur les flics...

« Le préfet est clairement dans une perspective guerrière, genre "on va détruire les cabanes et les maisons, ils passeront pas l'hiver". Par exemple, à Bel Air, ils ont fait passer le bulldozer le soir-même sur notre jardin. Pendant une semaine, ils voulaient juste des petites interpellations pour dégager les militants. Les seules arrestations qu'il y a eues c'est pour des refus d'ADN. C'est sûr que les semaines prochaines risquent d'être plus fortes en terme de "rébellion" ou "d'outrage". Déjà à la fin de semaine, c'était contrôle systématique, alors qu'au début ils barraient juste les chemins. Il s'est passé des trucs irréels au début, même si tu les caillassais, ils t'arrêtaient pas. Un pote a été les faire chier avec un discours béton "si vous savez pas pourquoi vous êtes là, moi je le sais, c'est ma maison que vous détruisez...", histoire de maintenir une pression psychologique, quoi. Eh bien les keufs ont reculé ! Moi je crois aux deux techniques : la harangue et la fronde. Les deux sont nécessaires pour empêcher leur plan car ce qu'ils veulent, c'est isoler la zone, créer un no man's land. »

C'est à ce moment que mon fils nous arrêta en criant sa détresse : Tom et Jerry, devenus amis, se retrouvaient enfermés par une méchante mégère. Il insista tellement qu'on dut se caler cinq minutes avec lui, histoire de le rassurer : oui, ils allaient s'en sortir et allaient se libérer.

Après cette brève coupure, je commençais à bien comprendre ce qu'avait été le quotidien d'un zadiste sur la dernière semaine. Courir, se cacher, se montrer, courir. Tout ça pour un projet d'aéroport vieux de quarante ans, devenu le cheval de bataille de Jean-Marc Ayrault, la « grande figure » locale. Mon pote n'était pas né que des paysans luttaient déjà pour leur survie. C'est en ce sens qu'il faut comprendre ses paroles : « En fait, ce n'est pas seulement un non à l'aéroport, mais une tentative de s'approprier un terrain qui, contrairement à d'autres terres de Loire-Atlantique, n'a pas été remembré. Tu vois, il y a encore des haies. C'est plus une opposition à la mortification d'une terre. Même si c'est une terre ingrate, très humide, voire marécageuse qui implique un effort d'adaptation, les gens de la ZAD s'y sont faits en drainant et en irriguant. Puis sinon tu peux pas accéder aux champs avant le printemps, tu vois. Il y a une réelle prise en compte de la spécificité de cette terre, avec la volonté de reprendre des pratiques disqualifiées par le progrès technique, avec toutes les pertes de savoirs qui se font automatiquement. Bon on veut pas retourner à l'âge de pierre non plus, on n'est pas tous des anarcho-primitivistes, mais on veut tous réinventer des pratiques, réveiller des techniques. »

La lutte actuelle découle donc d'une grosse réflexion et d'une grosse organisation sur la question agricole, à la fois par des locaux expropriés depuis trente ans ou encore des squatteurs genre néo-ruraux des années 1970. La Loire-Atlantique est en effet un bastion historique de lutte des travailleurs paysans, avec des gars comme Bernard Lambert, un des fondateurs de la Confédération Paysanne. C'est ainsi que dès 1973, une association s'est formée pour pouvoir discuter voire s'opposer au projet : c'est l'ADECA (Association de Défense des Exploitants Concernés par l'Aéroport). Selon Djibril, il y avait « ce terreau de lutte qui s'est fait bouffer petit à petit par des manœuvres classiques et basiques. Par exemple, une partie des membres de la Conf' est cartée au PS. Au niveau local, ils ont donc un pied dans le PS. Aujourd'hui, à côté des "zadistes", il y a les restes de l'ADECA qui sont un peu dans une perspective citoyenniste. Entre les deux, il y a toujours des oppositions de stratégies, de regards aussi : par exemple, les pouvoirs publics font la différence entre le bon et le mauvais résistant, les squatteurs ont été qualifiés d'ultras, voire de groupes terroristes (ça a été dit à l'occasion du camp climat quand une voiture du PS a été taguée). Tu vois, pour moi, ce qui importe aujourd'hui, c'est pas la forme de l'opposition, mais sa force. Et puis il y a eu des débats, notamment sur des manifs mal finies contre l'aéroport, après des provocations policières sur de faux casseurs. Il y a des moyens différents de lutte mais le point commun, c'est la violence d'État, même s'il y a toujours cette tendance à segmenter la lutte. Après, la stratégie des pouvoirs apparaît au grand jour : la semaine dernière, le lieu-dit La Vache rit a été déclaré illégal. La Vache rit, c'est le local des citoyennistes. Hop, ils l'ont frappé d'interdiction de réunion, sous prétexte qu'il abritait des terroristes ! Ça fait un bâton de plus dans les roues, mais ça nous rapproche et nous remobilise ensemble aussi. »

Je ne pouvais pas le contredire, et encore moins aujourd'hui, après qu'un collectif national d'associations se soit plaint officiellement au premier ministre. Il a bien raison, mon pote, d'appeler à l'unité. Mais il faut bien avouer que ce chemin sera long et difficile. C'est ce que je compris samedi matin, quand je me rendis à la manifestation de soutien prévue place de la République à Lille. Le temps de merde, froid et pluie, n'était sûrement pas pour rien dans le fait que nous n’étions qu’une quarantaine. Après la photo officielle de groupe, derrière une banderole... les quarante personnes se divisèrent en deux groupes. Apparemment, faire cohabiter les citoyennistes et les plus radicaux n'était pas possible. C'est ainsi que les drapeaux « Europe-Écologie » restèrent bien rangés, et que les plus mécontents décidèrent de partir en manif’ sauvage vers le local du PS. On y resta une dizaine de minutes, à bloquer mollement les voitures sous le regard vide de Francis Hollande et de son changement annoncé. J'avais froid, la tête dans le cul, alors je suis reparti. Le lendemain, quand je passais là par hasard, un petit graffiti rappelait notre passage aux badauds.

Apparemment, certains ont prolongé le plaisir ce jour-là pour constituer un Comité régional[3] qui appelle à une manif’ aujourd’hui-même à Lille (18h30, place République), alors que ce mardi 30 octobre 2012 la police continue son harcèlement.

Avec tout ça, j'en oublierais presque le réconfort provoqué par les paroles de Djibril, lorsqu’il m'a raconté l’adrénaline à mener cette guérilla rurale, cette sensation de vivre, à patauger dans la boue et à être plus rapide que des CRS mal équipés pour ce type de terrain. Enfin, il m'a laissé avec ce message : « Hey mon pote, t'oublies pas de dire qu'il y a urgence, hein ?! Parce que là, la pression est de plus en plus forte, nous on lâchera pas. Mais on aura besoin que ça suive... » Voilà, c'est fait. •

 

Addendum :

Hier, lundi 29 octobre 2012, les forces de l'ordre ont repris leurs activités, pour ce qui constitue la deuxième vague d'expulsions. Voilà ce que m'en disait Djibril :

« Le plan, c'est qu'ils mettent la pression sur le "Sabot", une zone dans la ZAD, pour pouvoir détruire tranquille les maisons qu'ils ont expulsées. La majeure partie de la ZAD, ce sont des sortes de barreaux routiers, la construction du tram-train. L'idée ça reste de faire Nantes métropole, créer une métropole de Nantes à Saint-Nazaire, urbaniser sur environ 70 bornes.

Le Sabot c'est névralgique, y a deux hectares de jardins collectifs, car sur l'autonomie, la bouffe, tout est fait. Ou plutôt tout était fait. Les flics ont gazé de mardi à vendredi soir en alternance avec un autre lieu plus bas, le "Far west". Tous les légumes sont morts... Et puis comme ça ils maintiennent une pression sur ces lieux qui ne faisaient pas partie des endroits légalement expulsables. Tout se concentre là pour épuiser les gens. Ça leur évite qu'on aille les faire chier. Comme on était 150, tu vois, ça fait une personne pour trois flics, et quand t'as l'expérience des manifs, tu sais que ça marche pas. En gros il gazaient de 6 heures à 18h30, avec des gardes-mobiles en travers de chaque chemin, à faire des tirs de lacrymo en tendu, donc pas en l'air, ce qui est illégal. Je t'assure que ça a une bonne force de pression, sur 15/20 mètres, ça fait très mal physiquement. Il y a eu des hématomes... Bon après ils peuvent expulser et détruire autant qu'ils veulent, les gens vont pas se casser comme ça... »


[1] Initialement, la ZAD est la Zone à Détruire, espace sur lequel est prévu d'implanter l'aéroport Grand Ouest. Les militants qui se mobilisent contre cet aménagement l'ont rebaptisée la Zone à Défendre.
[2] Voire 72 heures pour la SDAT (Sous-direction anti-terroriste).
[3] Comité régional de coordination des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes. Stop aéro-NND-NPDC.