• Le Comité Gonzo de Salut Public (C.G.S.P.), sous l’égide de la Direction, vient d'entériner une réforme du site de l’ENL portant essentiellement sur la suppression des rubriques de poésies. L’administrateur-adjoint en charge du C.G.S.P., Simon de Bavoir, a fait savoir que cette « suppression n’en est pas une, car tout ça est temporaire ». Et d’insister : « Ne vous inquiétez pas ! »
Pour le moment, pas de rébellion : « Bien sûr, pas de rébellion ! » s’emporte Cœur-de-Bœuf. « Les principaux concernés, j’veux dire les poètes, ont disparu il y a quelques semaines. Comme ça, du jour au lendemain, sans explication ! On me la fait pas ! » Depuis cette annonce les rumeurs vont bon train à l’ENL, certaines prétendant que la Direction et le C.G.S.P. auraient décidé de déporter leurs opposants les plus farouches.
« Mais c’est ridicule ! », explique le Directeur M. de L’Error. « Ces rumeurs sont ridicules ! Mais nous sommes des démocrates, et nous souhaitons que tout le monde puisse s’exprimer librement, c’est fondamental. Alors… qu’ils parlent, ces calomniateurs ! » Entre démocratie et autoritarisme, l’ENL est paumée. •
• En ce moment la fine fleur du journalisme néogonzo de Lille se promène quelque part, paumée dans le trou-du-cul de la France. Objectif : fuir la Terreur instaurée à l'ENL et réaliser un reportage sur une famille d’aristocrates, ex-présidentiés et décapités lors de la Révolution de 1981. Second objectif, mais pas des moindres : opération une binouze achetée une piscine offerte. Si vous croisez l’équipe, appareils photo en bandoulière, blocs-notes et stylos aux mains, espadrilles d’occasion aux pieds, à bord d’un gros cachalot rouge de fabrication allemande, vous êtes sur la bonne voie. •
• L'élève Simon de Bavoir prend ses fonctions d'administrateur-adjoint en charge du C.G.S.P. (Comité Gonzo de Salut Public) dès aujourd'hui. Cette mesure a été décidée dans l'intérêt de tous. •
Fait divers : Le directeur de l’École Néogonzo de Lille transporté d'urgence aux urgences !!
C'est hier, à 19.43 précises, qu'une brique se précipite sur le crâne de Monsieur J. De l'Error,chef de l'établissement. Il est conduit aux urgences dans la foulée, mais heureusement les blessures ne sont pas trop profondes. “À quelques centimètres près, il était cuit !”, nous affirme le chirurgien qui lui a recousu la tête. Les enquêteurs sont stupéfaits par la finesse de la machination criminelle : un fil de nylon raccordait la brique assassine, posée sur le luminaire juste au-dessus du bureau du maître, à la flasque de whisky de la victime. À la seconde où il saisit l'objet, le mécanisme se déclenche, et il se prend la brique sur la tronche. "Elle [la brique, ndlr] était forcément destinée au directeur, dont le penchant pour la boisson ambrée est connue de tous. Ce geste était prémédité, très bien pensé. M. de l'Error est un miraculé " nous confie ce matin l'inspecteur Pat Hisson. On soupçonne une faction armée poétique d'être à l'origine de l'attentat, composée – on ose à peine le révéler – d'élèves de l'école ! En effet, les terroristes présumés se plaignaient depuis des semaines et des semaines d'agressions croissantes et répétées, tant de la part de certains camarades (les bruits de couloirs parlent d'une certaine Simone de Baveuse), que de celle de la Direction, qu'ils dénonçaient toujours plus autoritaire, cruelle, et bouchée.
Selon des sources proches de l'enquête, l'une des membres de l’Internationale Révolutionnaire Poétique, élève également (les investigations se poursuivent, l'étau se resserre), aurait carrément contacté la Ligue de Défense des Droits des Poètes, peu de temps avant l'attaque, pour se plaindre de maltraitance. Contactée par nos soins, si l'association n'affirme rien quant à leur culpabilité, elle prend position au côté des enfants d’Apollon "peut-être coupables, déclare-t-elle, mais tellement légitimes". Il semblerait que les personnes recherchées aient pris la poudre d'escampette sitôt le méfait accompli, pas bêtes les guêpes, mais l'enquête continue.
Le Directeur, qui souffre beaucoup, ne se remet pas du choc. En proie au délire et à la fièvre, il ne cesse d'évoquer des messages de menaces ou de pression diverses qui lui seraient parvenues. Avant que les cachets dont il est gavé ne lui empâtent complètement les méninges, il nous a donné cette vidéo :
Cet indice ne permet malheureusement pas d'avancer beaucoup dans l'affaire, mais la rédaction la suivra jusqu'à son tassement, ou son anéantissement et communiquera les conclusions des experts à ses lecteurs adorés et rentables. •
• Nous avons reçu sur notre boite mail ce sobre communiqué, accompagné de cette menace : si la vidéo et le texte en dessous sont pas publiés, va y avoir un massacre !
"L'Internationale Révolutionnaire Poétique répond par cette attaque sur le QG de Lille 43000 à l'agression dont ont été victimes nos camarades poètes de l'École Néogonzo de Lille par certains élèves de leur propre école. La brève publiée dans le dernier numéro papier est inacceptable. Excusez-vous, ou subissez notre courroux." •