- Écrit par Samuele S. ("Huntingtown") Bertoni
- Catégorie : Reportages
Torino Libero (2/3)
Bonjour.
- Qu'est-ce que vous vendez là ?
- Vous connaissez ?
- Pas du tout, mens-je dans la langue de Manzoni.
- Vous avez des moments de tristesse ?
Bonjour.
- Qu'est-ce que vous vendez là ?
- Vous connaissez ?
- Pas du tout, mens-je dans la langue de Manzoni.
- Vous avez des moments de tristesse ?
C'est difficile, de ne pas comparer Rome à Paris. Mais la Ville Éternelle (moins ruinée qu'Athènes, et tellement plus en nous, écrite et parlée) a beau disputer la vedette à la Ville Lumière, centrale, sur un fleuve, classique, antique, moderne, bourgeoise, féodale et populaire, fourmillante de gens, mais aussi napoléonienne, anarchiste, fasciste, maçonnique, monumentale, cléricale, fleurie, gustative, tempérée, en un mot comme en cent, nappée de ses contradictions, oui, agréable, sa sœurette française fait bien pâle figure, devant une si grande concentration de beautés. Ses boulevards haussmanniens et baroques, comme ses ruelles étriquées et baroques, ses immeubles publics ou privés, « palaces » en pierre de taille, ses kilos de détritus au sol, que peut-être on ramassera, ses restos, ses coiffeurs, ses plantes grasses, ses romances nuancées au coin de chaque via, viale, vicolo, piazza, piazzale, largo, passo, ponte, corte, strade, strade, strade... « tous les chemins » mèneraient à Rome. Quand on y est, c'est sûr. Alors, Rome semble Paris. Mais en plus jaune, en moins gris.
Dimanche 27 février vers quatre heures du matin. Trois jeunes femmes accompagnées de trois jeunes hommes, tous autant « raides decker » les uns que les autres, reviennent à pattes d’une soirée à Lille Sud. En mode « patrouille de France ». Sur le grand pont traversant le périphérique entre Porte des Postes et la rue du Faubourg des Postes, ils remarquent qu’une « meuf est en train de se faire embrouiller » par des types stationnant au milieu de la route. Passant à leur niveau, une jeune femme du groupe leur demande de la laisser tranquille. Une portière s’ouvre, un mec sort de la voiture et se dirige à grands pas vers celle qui veut s’interposer. Pas un mot, il lui balance une grosse balayette et la jeune femme trébuche « direct ». Voyant cela, un gars à lunettes se détache du groupe et se jette sur le faucheur, sans avoir conscience – le pauvre – du massacre qui l’attend. Ni une ni deux, il « mange un coup de boule » : du sang gicle brusquement de son nez. Un deuxième gars sort de la voiture et lui décoche « une grosse patate ». Ses lunettes s’envolent, il tombe par terre. Parallèlement, deux autres types sont sortis de la voiture. Là ils sont quatre à infliger droites, coups de boule et balayettes à tout ce qui bouge. C’est un fléau comme on n’a jamais vu. La dent d’une jeune femme se brise en mille morceaux, la lèvre d’un autre jeune homme complètement déchiré à la vodka explose littéralement. Ça tabasse dans tous les sens. Malgré les premiers coups, le fait qu’il ne voit plus rien à présent et qu’il titube d’autant plus, le type à lunettes se relève tant bien que mal et crie, la gueule et le nez ensanglantés, aux types de la voiture : « Mais vous êtes fous ! Vous frappez des meufs ! » Il n’en démord pas, ce mec, et va encore manger comme jamais. Quasiment en un éclair, il se jette comme une bête enragée sur le premier gars qui lui a écrasé le nez. Toujours en vain, le malheureux se remange un coup de tête et une patate, s’effondre à nouveau brutalement. Or, chose improbable, il parvient encore à se relever, chancelant, terriblement défoncé, « la gueule en sang ». Ça dégouline sur le sol et sa veste. « Du sang partout, mec ! » Son corps tangue et ses seules forces restantes lui permettent de dire aux types de la voiture : « Là… c’est bon, les gars, on arrête… j’ai mangé, c’est bon, on arrête… » Il a de la chance : ils acceptent le « deal », cessent le carnage mais tiennent à lui répondre avant de partir en le « traitant de fils de pute ». Enfin, remontant dans leur voiture, ils gueulent comme des cons : « Nous, on vient de Roubaix ! On est pas des pédés de Lillois ! »
Au commencement était le verbe. Le verbe rapporter.
Puis vinrent les drogues, et des hectolitres d'alcool.
Alors on vit se profiler dans la lande...
les brumes accrochées aux petites montagnes, qui se dissipent parmi les pinèdes, dans l'aurore de ces matins de printemps encore frileusement lointains...
... tels de mauvais rêves qui collent aux pataugas des promenades, quand la lucidité s'en est allée.
Le 18 février dernier, nos très chers confrères du quotidien nordiste se la jouent on ne peut plus « éclairs » en publiant un 200 mots bien pesé sur un sujet foutrement important, à savoir : « La patrouille de la Bac fait d'une pierre deux coups ». Le pisse-copie responsable de cette inénarrable œuvre journalistique a sans doute été, dans son enfance, abreuvé du célèbre film « Judge Dredd ». Racontant les péripéties trépidantes de la BAC à Tourcoing, il explique comment les agents sont parvenus à interpeller cinq personnes, en moins d’une demi-heure et en deux fournées, tout de même. Pour notre confrère, « dans le langage policier, c'est ce qu'on appelle “la grinta du Bacqueux” ! » Un joli coup, en somme, aux yeux de ce Stallone de la presse écrite. Et comme son idole l’aurait certainement déclaré si elle avait eu suffisamment de neurones disponibles pour écrire dans un journal d’aussi grande qualité que Nord Éclair, le journaliste termine son papier par un très solennel « Ils [les méchants, ndlr] devront répondre de leurs actes devant la justice. » Tremblez, ignobles délinquants ! Nord Éclair est LA LOI.
Je venais juste de sortir de la bouche de métro République avec en main le dernier numéro de CQFD. Bien décidé à finir l'article consacré aux errements du parti socialiste en terres sécuritaires commencé à la station Fives. Les yeux rivés sur mon bout de papier, j'avançais d'un pas rapide en essayant d'éviter les obstacles du mobilier urbain, poubelles et poteaux principalement. Quelques coups d'œil furtifs et une bonne connaissance du pavage de la rue Jacquemars Giélée me permettaient d'avancer d'un bon pas.
Le 9 février dernier, la fine fleur du gonzo-journalisme lillois s’est rendue au meeting du Front de Gauche dans la salle des fêtes de Ronchin – une mairie, soit dit en passant, tout ce qu’il y a de plus « socialiste ». On y annonçait la présence de, s’il vous plaît, Monsieur Jean-Luc Mélenchon et Madame Marie-George Buffet. Bravant le froid, le gonzo-trotskiste Capitaine Cœur-de-Bœuf, le gonzo-socio-démocrate Jack de L’Error ainsi qu’un de leurs correspondants sous-payés, se sont donné pour mission de poser une vraie question de droite à Jean-Luc Mélenchon. Très consciencieusement, ils avaient même pris le soin de la rédiger au préalable sur un post-it : « M. Mélenchon (bis), que pensez-vous des maisons closes ? » Mais ils ont été accueillis comme du simple peuple, de la pauvre plèbe, eux, des gonzo-journalistes ! Au final le Capitaine et Jack, selon leurs dires, ont « préféré se casser et mater le match de foot à la télé ». Aujourd’hui, ils regrettent assurément cette débandade indigne du prix Pulitzer, mais garantissent ne pas avoir pris de stupéfiants ce soir-là. Reportage sonore.
Peut-être avez-vous constaté, chères amies lectrices, chers amis lecteurs, que la nouvelle recrue de l’École Néogonzo de Lille (ENL) – j’ai nommé l’intrépide B2B – s’est plainte récemment du sort que nous lui avons réservé en l’envoyant traîner ses guêtres dans une réunion de concertation foireuse à Lille-Moulins. Eh bien moi, votre fidèle serviteur, malgré une violente migraine, j’ai tenu à montrer à B2B qu’il n’était pas le seul à faire la sale besogne gonzo-journalistique de l’ENL. Hier, prenant mon courage à deux mains – car il en faut assurément –, je me suis rendu à un « exercice de démocratie locale » concernant le projet « Quais de la Basse-Deûle » et la remise en eau du canal du Peuple Belge. J’en suis revenu la tête toujours migraineuse, certes, mais aussi pleine de rêves.
C’est une question, comme une autre d’ailleurs, qu’il est légitime de se poser. Et même si vous, tendres lectrices et lecteurs, qui lisez ce billet, vous vous en tapez comme de Cneius Domitius Ahenobarbus – ce que je peux comprendre – et que vous vous demandez ce que peut bien faire un tel texte sur le site de l’École Néogonzo de Lille (ENL), sachez tout de même que Vercingétorix a perdu la guerre contre César en l’an 52 avant le Christ Tout Puissant. Autrement dit il y a 2062 années de cela. Vous pouvez vous dire, et je ne le prendrais pas pour une moquerie, que c’était il y a bien trop longtemps pour susciter un quelconque intérêt chez une personne équilibrée ou normalement constituée. Certes, mais dans ce cas, gardez bien à l’esprit que les dinosaures ont régné sur la Terre pas moins de 160 millions d’années… et que, par conséquent, ces pauvres 2062 années qui nous séparent de Vercingétorix ne représentent rien, ou pas grand-chose, sur la ligne du temps qui passe. C’est un peu comme si c’était hier, quoi, enfin presque. Mais bref ! Je m’égare.
Notre ami dessinateur KRST – que nous saluons chaleureusement au passage – nous a concocté et envoyé une petite bande dessinée, en deux planches et drôlement bizarre. Dans le message accompagnant ses dessins, il nous dit juste : « Je me suis bien amusé, c’est très con et ça n'a aucun sens, c’est juste un trip », sans autre explication… Mais nous ne sommes pas dupes : en croquant ce qu’il a vraisemblablement vu dans un de ses rêves les plus déjantés, il est certain que le bougre ne nous a pas loupés. Non mais, tu nous fais passer pour qui, KRST ? Sérieux… (Hé ! Hé ! ndlr). Bref, on ne vous fait pas patienter plus longtemps, voici notre première gonzo-bande dessinée. Et on espère qu’il y en aura d’autres, parce qu’on s’est quand même bien fendu la margoulette ; n’est-ce pas, KRST ?