L'Enterrement de Samuele Salvatore Bertoni

• Cimetière du Verano, Rome, Tiburtina, 13 juin 2013, 12h00.

Plus de 200 personnes, réunies dans un entrelacs de joie et de peine, pour incinérer feu Samuele Salvatore Bertoni, avant de répartir ses cendres entre air, mer et terre.

Du beau linge, parmi lesquels des anarchistes et des squatteurs, de Rome à Bruxelles, des Arabes de Corfou, des Slovaques d'Oslo, des Lillois d'Aveyron, des Romaines de Sicile, de Naples... Des jeunes, des vieux, venant parfois de très loin, comme le chef de la section RG de Lille, le commissaire Compatissons, le directeur de publication de Beijing News et le rédac'chef de The Nation. Comme sa mère, aussi, d'une exemplaire digne tristesse, véritable mère courage d'une vie, et à présent d'une mort.

Ses proches, des bouts de famille, et ses amis, camarades, ont fait la route ensemble, en une caravane de crêpe noire et de klaxons internationaux...

Pas de dernier repas, pour cette mort sans préméditation (selon le Corriere della Sera du 07/06/13, une enquête a été ouverte pour déterminer exactement la nature mécanique de l'accident). Pas de poules, pas d'oies, pas de vaches, mais des femmes.

17 femmes, ex, compagnes d'un jour ou épouses légitimes, pleurent en se serrant la main (Mesdames Sophie F, Cécile, Ligia, Evolene, Silvia, LID, Irene, Iris, Zoé, Chloé, Aurelia, Cokhalouf, MHF, Fred, Chantal, Mag°0, Sophie D). Peu d'enfants, ou en tout cas pas les siens, Bertoni ayant opté très tôt (17) pour la liberté amoureuse, mixte, totale et définitive. Et pour la vasectomie, donc [1].

Un cercueil, recouvert des armoiries de la Marine Nationale du Libéria, ainsi que du drapeau noir frappé du logo des squats, sobrement soulignés d'une bannière de la bière des 3 Monts, recouvrent le corps du défunt journaliste néogonzo.

On tirera, à l'issue de la cérémonie laïque, des feux d'artifice au-dessus du cimetière, pendant qu'au même instant on tirera à balles réelles sur la façade de Casapound. Tout ça arrosé de litres de 3 Monts, à déguster entre personnes choisies, sans modération. Comme la liberté.

(Plus de 200 personnes...)

Pas de dernier repas, et pas de plage de Sète, donc, puisqu'aucune supplique en ce sens n'a jamais eu le destin saugrenu de germer dans la gueule de cet ivrogne de sagesse, pour qui le deuil, c'est avant tout dans la tête... Pas de plage, mais l'ombre centenaire des pins parasols romains, embaumés d'un jasmin estival, comme ultime demeure...

Une fin de concession sans compromis, pour un vagabond d'un monde à ciel ouvert.

(Fin de concession sans compromis, pour un vagabond d'un monde à ciel ouvert.)

Extraits Dossier de Presse :

· La Brique : « Au-delà de nos dissensions, c'est un camarade et ami qui disparaît, sans qui La Brique aurait été... très différente. Elle est un peu orpheline, aujourd'hui. On se souviendra, nostalgiques, de ses coups de gueule féroces, comme de son indéfectible amitié. On ne dévoiera jamais cet héritage. Wallah. »

· Rivarol : « On s'est resservi 3 fois de la choucroute ! »

· E & R : (sans commentaires) (mais quand même :) « Il était au B'nai B'rith, Bertoni, nan ? »

· Vlaams Huis : (en aparté :) « On a eu chaud... » ; (au micro :) « Il nous aurat pas survécus long temps, lol... alors hein, arretez maintenant… »

· Le Min.Int. (UMP) : « Une bonne chose de faite » (Cité par Libération).

· La Mairie de Naples (PD) : « Ma che schtoukazz' ! » (Cité par La Repubblica).

· Le Washington Post : « What a nice day to die, today, isn't it, Mr. Huntington ? »

· Le Huffington Post : « Sam "HuntingtoWn" Bertoni's work was an antidote to Huntington's "civilization's clash" crap idea. We'll miss him. »

· Le Fig-mag : (ont applaudit, puis craché en l'air en rotant) « On va pouvoir rebosser tranquilles. »

· Citylights.cinema : « Un partage des pellicules avalées qui nous manquera beaucoup ».

· Rouge : « Ce sale petit-bourgeois l'était bien moins que nous, par la barbichette de Léon. Un bon anarchiste est soit mort, soit au NPA ».

· Demorand, pour Libé : « à Libé, on comprenait pas sa colère... ni ce qu'il écrivait ».

· Cap'tain Cœur-de-Blues : « Qui c'est qui va me botter le cul, à présent ? »

· Jack de L'Error : « Merde, où a-t-il bien foutu ses derniers textes, pardieu ? »

· Mélissa Manchette : « Mon mari aurait aimé lire ses 43000 Stéradians... »

· Fred Lacluysse (Lille43000) : « Je suis rentrée chez moi (…) oublier que Bertoni était mort. »

· Sa dernière compagne : « Samuele ne viendra plus, maintenant. Vous pouvez rentrer chez vous ».

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Dernière minute :

À l'heure où nous mettons sous presse, la veuve de Samuele nous a fait parvenir son dernier ordinateur. Il était verrouillé par un mot de passe, qu'elle seule pouvait connaître : « 3mbrasseLesChats,ò_monAmouR ».

Les 43000 stéradians, mystérieusement disparus depuis la refonte du site (une enquête est ouverte, on vous dit), et dont le dernier billet, cet été, est paru dans les pages du Père Projo, ces 88 recensions de films sont enfin retrouvées.

Elles accompagneront les huit articles et son film sur le site de Lille 43000 nouvelle formule. Si en fouillant les tiroirs du défunt, on continue d'en retrouver, pour des films sortis avant ou après sa mort, on préviendra nos chien-ne-s d'infidèle-s lecteur-euse-s.

On met tout ça en archives sous peu, définitivement et gratuitement consultables ici, jusqu'à la fin des temps, ou la fin d'Internet...

RIP HuntingtoWn. •


[1] Il comptait racheter le groupe DurexTM, ayant appris que les fossoyeurs de la RU 486, les catholiques des labos HoechstTM, comptaient continuer le sabotage en règle de cette même liberté en s'en emparant. La Lotta Continua...