Babel

Stéradian posthume et inédit

USA. 2006.

Alejandro González Iñárritu. (scén. Guillermo Arriaga)

Br. Pitt / C. Blanchett / G. Garcia Bernal / K. Yakusho / A. Barraza / R. Kikuchi / S. Tarchani / B. Ait El Caid / E. Fanning / N. Gamble / M. Akhzam / P. Wight / A. Bara / M. Rachidi / Dr. Roukhe / Cl. Collins Jr. / R. Esquivel / M. Peña / Y. Murata / S. Nikaido /

- Dédié à Maria Eladia et Eliseo « … les étoiles les plus brillantes de la nuit la plus sombre ».

Film long, film bon. Et ici, film choral dans toute sa splendeur. Qui en douterait, avec un tel titre ? 4 familles, 4 pays, 3 continents, 5 jours, une unité d'action, en nos jours si mondialisés. Ici, Iñárritu étend le propos dans un drame à la vitesse des fuseaux horaires. C'est fou ce que les plans de la lumière du soleil rythment les journées, d'une séquence à l'autre. Pour éclairer quoi ? La petite vie des humains, leur vie ensemble. Une situation vire au drame, le drame devient un cauchemar, dont les conséquences, parallèlement, se répandent comme une mèche à combustion lente d'un bout à l'autre de la planète.

Au Maroc, un papa berbère achète une carabine pour que ses deux fils protègent les chèvres des chacals. La « vie » de la carabine, une M70 Winchester calibre .270, sera le véritable fil rouge du film. D'une montagne, s'entraînant au tir, les deux fils testent la portée des coups et atteignent un bus de touristes. Dans ce bus, un couple de Californiens tente de renouer après la disparition de leur 3ème fils, mort-né. Ils ont laissé la garde de leurs deux jeunes premiers enfants à leur gouvernante, une Mexicaine quinquagénaire en situation irrégulière. La femme du jeune couple est atteinte par la balle perdue, le bus s'arrête dans un village. Loin de là, la gouvernante n'a d'autre choix, le jour du mariage de son fils au Mexique, que d'annuler ou de prendre les enfants avec elle pour la journée. À Tokyo, ce jour-là, une jeune fille sourde et rebelle passe sa journée entre son père affairé, et sa vie d'adolescente. Avec ses amies, elle tente avec beaucoup d'espoir de séduire des hommes, jeunes ou non. Pendant que la femme californienne reçoit des soins de fortune en attendant que l'ambassade US et le Maroc trouvent un moyen de la sauver au milieu du désert, la gouvernante de ce couple arrive au mariage, les enfants découvrent le Mexique, et se mêlent à la fête. Lorsque le neveu de la gouvernante, à la fin de la nuit, tente de ramener les enfants à San Diego, le contrôle à la frontière se passe mal. Il décide alors de forcer le barrage pour ramener coûte que coûte sa tante et les enfants chez eux. Paniqués, la Border Patrol aux trousses, il laisse les enfants se cacher avec sa tante au bord de la route en plein désert et en pleine nuit. Au japon, la police cherche le père de la jeune femme car elle a des questions à lui poser, et cette dernière a peur qu'elle ne le soupçonne d'être impliqué dans le décès de sa mère. Aussi, pour protéger son père qu'elle sait innocent, et aussi parce qu'un policier lui a plu, elle rappelle les flics à son appartement. La police marocaine, elle, doit faire la lumière sur l'Américaine blessée, car l'opinion publique internationale ainsi que les autres touristes soupçonnent des terroristes sur l'origine du tir. Les flics interrogent le berger qui a vendu la carabine à l'autre berger. Celui-ci avoue avoir eu la carabine d'un chasseur japonais. Il lui donne pour preuve une photo montrant jadis les deux et la carabine, se défendant ainsi de l'accusation de terrorisme. Quelques collines plus loin, les enfants préviennent leur père des faits dont il est accusé, et avouent leur faute. C'est la panique, ils fuient. Au Mexique, la fuite nocturne de la gouvernante et des enfants tourne elle aussi au cauchemar. Épuisés, au petit jour, ils se séparent et la gouvernante hors d'haleine finit par se faire ramasser par une patrouille, qui l'arrête. Mais au moment de retrouver les enfants dans le bosquet où elle les a laissés, ils n'y sont plus. Alors que la journée avance au Mexique, de l'autre côté du Pacifique c'est la nuit, et le policier japonais annonce à la jeune fille qu'il recherche son père non pas pour la mort de sa mère, mais pour une histoire de blessure par balle impliquant une carabine achetée sous son nom. La jeune fille profite de la présence du policier pour se livrer à lui nue, avance qu'il repousse, désolé. La police marocaine, elle, stoppe finalement la cavale du père et de ses deux fils, rattrapés dans les collines en possession de la carabine, mais au cours de l'arrestation le plus grand écope de deux balles et meurt sous les yeux de son père et son frère. Le petit, après avoir brisé l'arme sur les rochers, se livre alors et avoue avoir tiré seul sur le bus. La touriste est dans le même temps enfin héliportée du village berbère vers l'hôpital de Casablanca, où les flashs des photographes et des émissaires de l'ambassade les accueillent. Aux États Unis, la gouvernante apprend que les enfants sont retrouvés, ainsi que le neveu qui les conduisait. L'agent lui signifie aussi que le père, au Maroc, averti, ne portera pas plainte malgré le choc, mais par contre que le gouvernement l'expulse. Elle a le père au téléphone et le remercie, effondrée, avant de lui passer son fils, renouant ainsi avec l'une des premières scènes du film, entendue de l'autre bout du fil. Il pleure en entendant la voix de son enfant. Le père de la jeune Japonaise rentre chez lui et croise le lieutenant de police. Il lui confirme qu'il a bien donné l'arme autrefois à son guide marocain. Le lieutenant part boire des verres de saké en lisant le mot que la jeune femme lui a glissé dans la main. De retour chez lui, le père retrouve sa fille nue sur le balcon, il la serre contre ses bras dans la nuit babélienne et scintillante de Tokyo.

Pour celles et ceux qui n'auraient pas vu le film, ce Stéradian.

sHb, 30.11.2012