Je l'aimais

Stéradian publié initialement le 10 juillet 2012

Ce qui est bien, dans ce temps, l'imparfait, c'est qu'il porte une variété de sens presque infinie. N'est pas present perfect qui veut. Et la perfection n'étant pas de ce monde, on entrevoit l'intention de Breitman presque immédiatement, en somme, dès ce titre, annonciateur, moins de passé que de comparaisons. Ça tombe bien, M.-J. Croze et Auteuil se rencontrent à cause de questions de langues. Traduction, trahison ? L'imparfait passe pour décrire une action passée, dont on ne sait pas si elle se poursuit dans le présent. Et l'histoire que narre Auteuil à sa bru, Chloé, lorsqu'elle vient de se faire larguer par son fils, n'est que ce jeu, faire qu'au présent, même lorsque, parfois, elle s'arrête, la vie continue. Alors il narre, ce qui s'est tapi sous les années de silence et les convenances bourgeoises. Il fait don, de son ainesse, de sa propre expérience. Banal, en somme. Faire de celui qui pleure quelqu'un qui écoute. Pas une mince affaire. Sauf que l'amour, tout comme le bonheur, ça se nivelle. Et ça peut alors se comparer, un peu comme on compare des bites, juste un peu moins malsain. Attention, romance. Attention, Breitman, parce que ton Daniel Auteuil, on sait pas, si lui, on pourra le réveiller de sa nuit de confession, à ce jeu-là, celui où l'on se dit tout, celui où l'on peut perdre, le jeu, l'amour, le hasard, voire, quand c'est vraiment mal fait, la vie, son goût. Je préférais, quand elle s'appelait que « Zabou », ZBreitman, à propos des bonnes manières, qui cachent les vraies, celles qui existent, dessous. Les imparfaites. Sacré bon jeu, de la Loiret-Caille. Loin d'une Charlotte G.