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  • Catégorie : Brèves

« Mais, mon colon, cell' que j'préfère… »

« Le tour du monde en un jour ! » C’était le slogan publicitaire de l’exposition coloniale de Vincennes en 1931, censée marquer le prestige de la « Grande France ». Quelques décennies plus tard, la décolonisation est passée par là, mais pas par tous les esprits. Ainsi, la 70ème foire-expo de Douai vient d’ouvrir ses portes avec en tête d’affiche une exposition intitulée « Trésors et secrets d’Amazonie ». Tout cela agrémenté de la présence du chef « indigène » et chaman Kisibi, sorte de VRP de la tribu des Desama, avec carte de visite et site internet, ce qui semble surprendre le gratte-papier de La Voix qui écrit, non sans un certain « humour » à la Michel Leeb : « Vu d’ici, pour certains, un chef indien d’Amazonie devrait ressembler à une espèce de sauvage, un peu brut de décoffrage et admiratif des bienfaits de notre civilisation. » Kisibi occupera son temps à témoigner des problèmes de sa tribu, comme la déforestation en cours au Brésil. Heureusement, ce dernier ne sera pas obligé, comme les colonisés de l’époque, d’être parqué dans un zoo. On imagine déjà que Daeninckx  et son Cannibale résonneront un peu dans sa tête au moment où il retrouvera les siens : « Non, je leur invente un conte, je leur dis que c’est beau, que c’est le pays des merveilles, pour ne pas briser leurs rêves… Mais très tard dans la nuit, alors qu’ils dorment dans les bras de leurs mères, quand les cendres étouffent les derniers brandons, je raconte, à voix basse, pour les anciens qui ont vu arriver les missionnaires sur la Grande-Terre. Je leur explique qu’on nous obligeait, hommes et femmes, à danser nus, la taille et les reins recouverts d’un simple manou. Que nous n’avions pas le droit de parler entre nous, seulement de grogner comme des bêtes, pour provoquer les rires des gens, derrière les grilles… »