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La Pape est mort, à bas le Pape !

Sa Sainteté le Pape Benoit XVI, alias Joseph Ratzinger, alias l'ex-Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (autrement dit le chef de l'Inquisition), n'aura pas tardé à renvoyer l'ascenseur au plus haut des cieux, directement à l'envoyeur : sa prédécesseuse incarnation de Dieu sur Terre, j'ai nommé Karol Wojtyla, alias Mgr. l'Archevêque de Cracovie, le plus anti-communiste de l'Histoire, alias le Pape Jean-Paul II.


• Le 1er mai dernier, il a en effet béatifié le précédent Souverain pontife (ce qui le distingue, entre nous, bel et bien des animaux). Cette cérémonie au cours de laquelle le divin enfant de God se retrouve bombardé « Saint », comme ça. Pour vous situer : un peu comme Saint Simon, Saint Pierre et Miquelon, Santa Barbara… Judicieusement choisie, cette date était pourtant restée, dans toutes les autres capitales du capitalisme bourgeois, celle d'un petit Carnaval, augure fantasmée de renversements sociaux : la très syndicaliste Fête du travail.

Comment la capitale italienne s'est-elle déguisée cette fois-ci, pour accueillir cette polonaise et liturgique nouba du Feu de dieu, véritable étron d'insolence antisociale, pourtant dressé comme une table de festin pour d'odieux charognards, par des moutons serviles, le festin sanglant de ce moyen-âge éternel ?

Retournons donc un peu voir ce 1er mai 2011, dans cette ville, otage millénaire du Vatican, cette Théocratie de droit divin armée de ses fidèles, pour qui le cours de l'opium reste apparemment florissant. Avant de revenir un jour prochain, toujours vaillants, fidèles au poste de vigie du terrible vaisseau gonzo-pirate Lille 43000, sur la terra incognita de la Curie romaine, ces petits rouages du monstre vaticanais et de son gouvernement. Pour aujourd'hui, attardons-nous à cette dominicale ballade pontificale, embedded in Rome, caché-e-s dans la poche du multi-poche blouson de notre intrépide reporter, Samuele S. Bertoni.

C'est le 1er mai à Rome. Pourtant, plus que le sempiternel i No Pasaràn !, on retiendra que c'est « jour de Paix, sur Terre, aux Hommes de bonne volonté ».

Place San Giovanni, on s'apprête à recevoir

 

... « les musiciens, les comédiens, les magiciens »... des gauches. Sous les regards des statues centenaires... Au même moment,

... on nous surveille même des Cieux... car, de l'autre côté de la ville,

... un tout autre invité s'est incrusté : c’est Jean-Paul II. Le vrai. Il sera « Béatifié » tout à l'heure, au Vatican, cet « Etat dans l'Etat » italien. Ni une ni deux, je m'y rends.

Descente aux enfers, pour embarquement immédiat.

Traversée du Tibre.

On nous aura prévenus...

On VOUS aura prévenus...

Ça fait 2000 ans que les pubs du métro romain nous aurons prévenus !

Un peu prudent, j'emporte ce souvenir, en cas de liesse vaticane, on ne sait jamais...

... car bien sûr, je ne suis pas seul.

Pour tous ces pieux touristes, la Ville Eternelle est sur son 31. « Scout toujours »...

« Shalom », accueil des judéo-grands frères, dans la rue Ottaviano, voisine du Vatican. On croisera aucun ''Salaam'' des islamo-petits frères.

Les abords de la Place San Pietro, parsemés de catholiques, curieusement moins béats que feu leur Pape. On est loin des transes des JMJ, de Lourdes...

Un succès d'ailleurs si mitigé que je peux le mesurer à ceci : me déplacer quand même dans une rue occupée par le Clergé.

Une béatitude toute relative : venir de Pologne pour cette chaleur, c'est pas du gâteau au pavot.

Ça, c'est le drapeau de l'Etat du Vatican, cette millénaire enflure enclavée dans le cœur du territoire italien.

Or, sur ce sol « étranger » si vilement italien : oui, les cathos sont bel et bien des beaufs comme les autres.

D'ailleurs, affublés des irréprochables uniformes scouts, ils évoquent bien leur indémodable hypocrisie, toute vestimentaire : peinture sur merde = propreté…

En matière de re-vêtement, ce quartier chic avait d'ailleurs préparé la déco. CQFD, les païens sont christiano-compatibles : SPQR (le Sénat et le Peuple Romains ensemble).

Après le speech du successeur papal Ratzinger, le béatificateur, alias Benedetto XVI, tout le monde déserte les écrans,

... pour se retrouver derrière ces colonnes, là-bas, le Colonnaire. C'est la « commun-ion »... autour du pape le plus anti-commun-iste du XXe Siècle.

Depuis 2 000 ans, chacun dans son cortège de « brebis égarées »,

... heureusement conduites en troupeau, unies derrière leur indémodable « berger », sous-représentant de Dieu sur Terre, et petit soldat du Pape. Foin des moutons noirs.

Et puisque l'abattoir, la « Cité Vaticane », derrière ses remparts de censure, n'est plus si loin...

Une « sœur », lectrice fidèle. A Rome, d'ailleurs, la très coloniale et françafricaine « Affaire du Voile » répond... à un tout autre son de cloche qu'au pays « colonisé par les muslims » : on n’entend pas Sarkozy jusqu'ici, dire à cette sœur combien elle porte sur elle les stigmates du patriarcat. Sarko, l'œcuménique… sa mère.

Les portes d'entrée de l'Etat du Vatican, surplombées de ses deux impériaux petits aigles...

... et gardées par ses impayables ''Gardes Suisses'', Suisses qu'aucun ridicule n'effraie non plus, ainsi accoutrés en moyenâgeux douaniers, ménestrels d'une gigue mortelle.

Portes accueillantes, en somme, frappées du saint Logo, au cas où on confondrait avec la BCE de Francfort ou un vague musée.

En voilà deux qui ne confondent pas : le moyen-âge vit encore.

Et encore un supporter de la bonne équipe.

Et voilà une autre ''sainte'' croix, un poil plus fonctionnelle.

Nous voici enfin dans l'épicentre de la Bête, ceinturée de son ''Colonnaro'', temple de colonnes concentriques et décorum d'enceinte de la Place San Pietro,

... aujourd'hui immanquablement le véritable ''Siège'' de la Béatification de Woytjla en plein Saint-Siège. Show must go on.

Jamais en rade en termes de vêtements festifs et rigolos, ces carabiniers sont d'une classique élégance. On peut rester classe, mais... faut bien les garder, tous ces veaux.

Et ils sont pleins, ces troupeaux et leurs bergers, leurs bergers de bergers, leurs bergers allemands, et leurs enclos façon Walt Disney.

Devant cette fenêtre frappée des Armes vaticanes — une tiare et deux clés croisées sur un ruban, un joli Camping-Car de la police nationale (on dit statale, « d’Etat », ici) : « bureau mobile ».

On a vu large pour la Fête à Jean-Paul II (mes 2) : visez-moi ces posters géants a gogo. En ville, chaque putain de lampadaire a son portrait JP2, une fois sur deux embrassant un bébé (cf . plus haut).

La Piazza, parsemée d'écrans géants, car c'est la liesse : « Il est parmi nous ».

Comme, d'ailleurs, ce persistant et indémodable moyen-âge...

... et ses indémodables bergers allemands... ici ''à oreillettes''.

Une autre de ces indémodables vocations de bergers de tous grades. Ici, scout municipal, aux couleurs de Rome. « Papa boy »... C'est eux qui le disent.

Ici, l'indémodable mode vestimentaire, sa piété iconographique, pour le coup plutôt woytjlàtre...

... mode déclinée dans une variété aussi large qu'un prosélytisme messianique.

Car, qu'on se le dise, nom de D... « Tous les chemins mènent à... »

… l'entrée de la « Cité Vaticane ». Sans doute un symbole de bienvenue...

Non loin du Vatican, cet autre signe assez romain, de bienvenue. « NOUS NE VOULONS PAS D'INTEGRATION, NOUS VOULONS LES EXPULSIONS ». J'en ai assez vu, je me casse.

Je m'échappe, retour vers San Giovanni et mes communistes, pas si loin de mes copains anarchistes, pour un vrai 1er mai... au cœur d'un déploiement de signes assez romains de bienvenue.

Ce 1er mai a été choisi par les Cathocrates pour salir la mémoire rouge de cette date. Raté.

Car voilà une place VRAIMENT noire de monde, une jeunesse VRAIMENT solidaire, un printemps VRAIMENT politique.

Ce qui fait au moins trois raisons de faire la fête.

O partigiano... portala vìa... o Bella Ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao...

Et quoi de plus logique... que des Gaulois, pour déguster la Porchetta du banquet ?

T'inquiète, Compagno. Rome ne sera pas beaucoup plus « éternelle »...

… que ses Papes.