- Catégorie : Billets
- Écrit par Bruegel de Bois
Mort par la France
« Ce ne sont pas des soldats, ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine - bouchers ou bétail. Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu'on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. Ils sont prêts. Ils attendent le signal de la mort et du meurtre ; mais on voit, en contemplant leurs figures entre les rayons verticaux des baïonnettes, que ce sont simplement des hommes. » Henri Barbusse, Le Feu, 1916.
• À toi les commémorations
les artifices et journées mortes
toi qui a brûlé les papiers
d'une médaille qu'il te fallait payer.
Sur les vraies agonies des onze novembre
au bruit des oublis, à la furie des clairons
les grondements tremblent mes fenêtres,
fumerolles d'une boucherie en bruyantes paillettes.
Devant tes yeux, derrière tes oreilles,
se souviennent-ils de ce peuple en armes
du quand, du comment, du pourquoi
les gens piétinent les vieilles dalles des mémoires ?
Partout des ombres, des poutres fumées
sur les visages silhouettes
les barrages vides d'électricité reine
dévalent au cordeau les souvenirs trop ridés.
Les gyrophares coupent la nuit en saignées bleues
un goût curieux sur le cadavre se répand
regards parallèles silences étouffés
se croisent dans les interstices de la scène.
Les habitudes ont fini de raidir vos rides
les flocons flottent comme un soudain incendie
au loin le ciel noir en contraste d'hiver
scande les lumières des partitions militaires. •