Nouvelle saison de l’École Néogonzo de Lille (ENL) : ALL COLOMB ARE BASTARDS - ou comment le 43000 a dépassé GOT

Eldorado® : La polémique ACAB enfin résolue ?

Alors que toute la jet set culturelle lilloise, de Martine Aubry à Didier Fusillier en passant par le syndicat ‒ rôti ‒ Alliance & Carrefour Market™, s’interrogeait sur l’origine du ACAB ornant une fresque réalisée en face du Flow par le collectif Tlacolulokos, nous avons reçu un communiqué, écrit à moitié en hiéroglyphes et en dessins d’enfants, dont la traduction a nécessité plusieurs semaines de travail acharné. Si le sens du message n’est pas tout à fait clair, les plus fins experts de l’ENL  sont unanimes : il s’agit bien d’un message – codé – d’Esteban himself, le guérillero patenté et désormais légendaire du navire 43000.

« Mes tré chers amig@s y compagner@s de l’École Néogonzo de Lille,

Yé vous écris dépuis les catacombes de la grandé cathédrale de Tenochtitlan ! Yé trouvé la sépoultoure des grandés jeffes de l’empire aztèque… yé cherché… yé creusé… yé cherché… Yé fé ouné grandé découverte et yé peux le certifié mainténant : yé troubé l’origine, la béritable ourigine et lé béritable sens dé l’acronymé ACAB, yé veux dire bordel A, C, A et B !

Tout é bueno, cé sour, sauf le C. En vré, lé C dé ACAB servé, ché les Aztèques lettrés, à désigné ces enfoirés dé coulonisateurs et autros évangélistas d'Espagnoles ! Il faut donc compréndré :

"All Cortes Are Bastards", ou encore "All Conquistadores Are Bastards", ou encore "All Colomb Are Bastards". »

Cette version traduite a été réceptionnée par Félicien Pirson, jeune stagiaire trouvé sur Internet via une agence spécialisée dans la technique de surface. C’est en découvrant les locaux abandonnés de l'ENL, recouverts d’une poussière épaisse, jonchés de morceaux de pizza séchée, des éclats de bière sur les murs et des papiers, des papiers partout, qu’il tomba sur ce message. Ne sachant quoi, il décida de l’envoyer à la première adresse disponible. Le hasard désigna Jack de L'Error – directeur déchu et ressuscité, on dit qu'il apparaît, de temps à autre, dans des grosses teufs électro, jusqu'au bout de la nuit pour « voir le jour éclore » –, grâce une de ses cartes de visite qu’il affectionnait tant, coincée au fond d’un grille-pain.

Une seule personne savait précisément comment Jack de L'Error occupait ses journées. Il s’agissait de Bruegel de Bois, toujours attentif aux escrocs citoyennistes, le seul en mesure de dévoiler la véritable identité de Jack. Lassé des querelles intestines, ce dernier s'était dessiné un destin pour son leadership contrarié : la politique. C'est ainsi qu'on vit apparaître parfois des affiches, des tracts et même des stickers avec la signature « The Power of Light ‒ Votez Pour Moi ». Jack de L’Error ambitionnait de devenir maire de Lille. Et Bruegel, de trancher : « Jack, maire de Lille ? Je m’apprête pour la première fois à voter pour Martine Aubry… Tout sauf Jack ! »

Quoi qu’il en soit, quand Jack reçut la confirmation qu’Esteban était bel et bien en vie, son sang fit 43000 tours ‒ évidemment. Dans la minute, il bombarda une missive, par mail, à tous les médias et tous ses contacts qu’il conservait comme un butin de guerre. Voici son texte :

« "ALL COLOMB ARE BASTARDS"

En ce mois de juin 2019, l'ENL, par la grâce de son directeur, Jack de L'Error, renaît pour une nouvelle saison. Jon Snow n’est qu’un petit joueur. »

Hormis ces étranges propos, Jack de L'Error n'a communiqué que trois autres mots, soulignés : « TOUT EST PARDONNÉ ».

Selon Bruegel de Bois, opposant éternel, « la méthode de la Direction est claire » : mobiliser tous ses anciens élèves pour participer au festival Eldorado de la mairie lilloise. Pour d'autres, comme Félicien Pirson qui s’est jeté sur le terrain des gilets jaunes, c'est une allusion explicite à l'ancien et l'actuel ministre de l'Intérieur. En tout cas, déjà quelques sous-médias se sont enflammés dans les sous-réseaux du dark web. De quoi remuer le Directeur : « Si nous gagnons ce grand concours culturel, le pouvoir municipal pourra trembler », prête-t-on à Jack de L’Error dans les rades wazemmiotes qu'il fréquentait lors de ses premiers papiers.

En attendant, Jack de L'Error a réinvesti ses bureaux et a introduit Félicien Pirson comme un fils. C'est Pirson lui-même qui reçut, par courrier postal avec accusé de réception, une réponse déconcertante de Bruegel de Bois. Un petit papier rouge sur lequel était écrit, en lettres noires et capitales : « All COLOMB ARE BASTARDS ? OK ».