Rien de personnel

Stéradian publié initialement le 5 janvier 2013

2009

Darroussin / Podalydès / Greggory / Doutey / Breitman / Lanners

Un de ces chefs-d’œuvre… Le cinéma, ça ne se fait pas d'un coup de baguette magique, ça tombe bien, l'entreprise « tertiaire » non plus. Ici, on va nous montrer, un peu, comment. Un film en trois coups de baguette, mais de maestro, pas d'illusionniste. Une histoire banale, et finalement complètement folle. Un patron réunit ses employés à un gala, avec conjoints. Ça trinque, ça jase, mais ils sont officiellement conviés à une sorte d'évaluation sur leur travail, avec l'aide d'acteurs professionnels mêlés aux invités. Tout le monde joue le jeu de la « culture d'entreprise », et échange au cordeau dans ces « mises en situation ». Un remaniement de service, vas-y, gère. Une info sensible qui fuite, gère. T'es évalué, sauf que tu sais jamais si c'est du faux, ou du vrai qui saigne, gère. Mais du strapontin de service aux premiers balcons, tout le monde ne voit pas la même chose, du spectacle entrepreneurial. Et surtout pas en même temps. Découpé très rigoureusement, des plans aux séquences, des cadrages aux profondeurs de champs, on comprend de ce film hyperchoral comment des infos sur le rachat de la boîte, et le plan de licenciement qui va avec, ne vont s'égrener que d'une scène à la suivante, pas à pas. Et du syndicaliste à l'acteur malin, du patron à la secrétaire, du cadre brave au brave nettoyeur des chiottes, du jeune loup arrogant à la jeune louve arrogante, on découvrira combien on ne badine pas avec le jeu. L'entreprise, c'est le réel. Quand on y cache quelque chose, c'est toujours un acte de guerre.

Aparté :

Sur la question Crise / Travail, y’aurait moyen de fomenter une révolution. Suffirait de projeter, par exemple sur la façade de l'usine Toyota, à Valenciennes, les films Sauf le respect que je vous dois, Rien de personnel, Ressources humaines et L'Emploi du temps. Du matin au grand soir…